Accueil > À l’Assemblée > Déserts médicaux : imposons l’installation ?
La lutte contre les déserts médicaux nécessite de mobiliser toutes les solutions disponibles.
La contrainte à l’installation en fait-elle partie ?
Les zones surdotées sont excessivement rares. Les territoires les mieux dotés ont, au mieux, un nombre de médecins suffisant. Autrement dit, la pénurie de médecins est générale et concerne toute la France. Pour un nouveau patient pris en charge, un autre devrait être abandonné. Au total, il n’y a pas suffisamment de médecins en France.
Certains pays ont imposé les zones d’installation des médecins. D’après un rapport du Sénat, cette planification en Angleterre a été qualifiée par les services de santé anglais « d’échec désastreux ». En Suisse, « cela n’a pas permis d’influencer de manière notable l’accès aux soins » dans les zones sous dotées. Au Québec, les mesures lancées dans les années 1980 « n’ont pas encore démontré de résultats ». Aux Pays-Bas, considérée « inefficace », elle a été abandonnée.
Si, d’après les enquêtes effectuées, en cas de coercition, 10% de nos jeunes médecins partiraient exercer à l’étranger. Nos voisins n’attendent que ça…! Pire, certains jeunes médecins iraient exercer en France, mais dans des laboratoires et des entreprises privées – leurs compétences sont très demandées. Ces départs annuleraient tous nos efforts sur la formation.
Dans les années 70, les responsables politiques ont estimé qu’en réduisant le nombre de médecins, les français les consulteraient moins…et donc que ça permettrait de réduire les dépenses de l’Assurance maladie. Le numerus clausus est absurdité. Il fallut attendre 50 ans pour annuler cette décision ! C’est ce gouvernement qui l’a supprimé en 2018.
En 2021, 10675 étudiants ont été admis en deuxième année de médecine, c’est +24% par rapport à 2018. C’est historique, c’est un niveau jamais atteint, même avant la mise en place du numerus clausus. Certains considèrent que nous devrions former encore plus… je partage cette ambition mais concrètement il faut bien comprendre que n’avons pas des capacités de formation infinies. Du moins si nous voulons maintenir un haut niveau de soin – c’est-à-dire des professionnels de santé bien formés.
90% de la population d’Ile-de-France est touchée par une difficulté d’accès à un médecin généraliste. Pire, cette opposition entre ville et campagne a un effet pervers : elle conduit à un dénigrement de notre ruralité. Elle laisse croire qu’il faut forcer l’installation pour faire venir des médecins. Alors même que nous avons un cadre de vie extraordinaire et c’est cette réalité qu’il nous faut promouvoir.
Selon le Conseil national de l’ordre des médecins, c’est sur les conditions d’exercice qu’il faut miser. Les critères qui guident l’installation des jeunes médecins sont les suivants : « la proximité familiale » (61%), « l’attachement au territoire » (36%) et « les raisons personnelles » (34%).
En Aveyron, toutes les collectivités travaillent de concert pour valoriser notre cadre de vie. Que ce soit sur les aspects professionnels (pratique collective, aides financières) ou personnels (cadre de vie, écoles, loisirs).
Récemment, j’ai travaillé avec le Lycée Jean Vigo et les services de l’Education nationale pour lancer une Option Santé pour les élèves de Première et de Terminale. Elle sera lancée dès la rentrée de septembre 2023 !
Dans l’attente de nouveaux médecins, nous devons utiliser au mieux le « temps médical disponible ». C’est pourquoi nous avons renforcé la formation des médecins sur le terrain pour les jeunes médecins. Nous avons multiplié les « délégations d’actes » : concrètement c’est par exemple reconnaître les compétences des infirmiers sur des actes aujourd’hui effectués par les médecins. Nous travaillons également à faciliter l’intégration des professionnels de santé étrangers.